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16 avril 2013 2 16 /04 /avril /2013 19:30

France: Le journal français « Libération » confirme la dictature Ouattara et La justice des vainqueurs à Abidjan

Source : Telediaspora.net : Dernière Mise à jour : 16/04/2013 (Auteur : autres)

 

 

Deux ans après la guerre civile, les autorités ivoiriennes ne poursuivent que les pro-Gbagbo.

 

C’est un joli butin de guerre : deux ans après l’arrestation de Laurent Gbagbo, le 11 avril 2011, tous les caciques de l’ancien régime ou presque sont derrière les barreaux… Dernière arrestation en date, celle de Charles Blé Goudé. L’ex-ministre de la Jeunesse et chef des Jeunes Patriotes, une milice fidèle à l’ancien président, avait réussi à quitter le pays avant la chute de son parrain. Arrêté en janvier au Ghana, Blé Goudé est inculpé à Abidjan pour crimes de guerre, assassinats, atteinte à la sûreté de l’Etat et vols de deniers publics. Impossible de savoir où les autorités ont enfermé celui que l’on surnommait le «général de la rue», ses avocats disent même avoir du mal à rencontrer leur client.

 

Pour l’instant, seuls trois officiers fidèles à Gbagbo ont été jugés, mais l’un d’eux, le général Dogbo Blé, est sous le coup d’autres procédures liées à la crise postélectorale. L’ancien président attend lui-même d’être fixé sur son sort, loin de la Côte-d’Ivoire : transféré à la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye en novembre 2011, il est soupçonné de crimes de guerre et crimes contre l’humanité, mais les juges de la CPI n’ont pas encore décidé si les charges qui pèsent sur lui sont assez importantes pour l’ouverture d’un procès. Les autres attendent de savoir quand la justice ivoirienne va s’occuper d’eux. Une situation qui dure et ne dissipe pas les polémiques et le malaise dans un pays encore traumatisé par un conflit qui a fait 3 000 victimes, de la fin 2010 à l’arrestation de Gbagbo.

Exactions. Figure la plus emblématique de l’ancien régime, son épouse Simone est détenue à Odienné (Nord-Ouest). Personnage sulfureux, soupçonné d’avoir joué un rôle occulte dans l’ombre de son mari, elle a été inculpée par la justice ivoirienne de crimes économiques, puis de génocide. La CPI a également délivré un mandat d’arrêt contre elle cet automne, mais jusqu’à présent la justice ivoirienne a toujours affirmé être en mesure de la juger sur place. En réalité, les autorités d’Abidjan font probablement un autre calcul : en livrant un deuxième membre du clan Gbagbo, le gouvernement Ouattara sait bien qu’il risque de donner des arguments à la CPI qui, au nom de l’impartialité, exige de juger aussi les coupables d’exactions de «l’autre camp» : la rébellion qui, avec l’aide de la France, a permis à Alassane Ouattara de gagner la guerre contre Laurent Gbagbo, lequel refusait le verdict des urnes. Cette justice «impartiale» avait été promise par l’ancien procureur de la CPI, Luis Moreno Ocampo, qui avait accusé l’ancienne rébellion des Forces nouvelles de graves violations des droits de l’homme, pendant mais aussi avant le conflit de 2011.

Ouattara a toujours affirmé que tous les responsables de crimes seraient punis, mais il lui est difficile de poursuivre ceux qui l’ont installé au pouvoir. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : selon Human Rights Watch, plus de 150 personnes sont inculpées pour des exactions perpétrées au cours des violences post-électorales. Toutes font partie du clan Gbagbo. Sans remettre en cause les atrocités commises par les forces loyales à l’ancien président, les défenseurs des droits de l’homme s’inquiètent de ces promesses de justice impartiale non tenues. Amnesty International dénonçait en février une «loi des vainqueurs»« en l’absence de mesures rapides et déterminées, le gouvernement Ouattara risque de poursuivre le drame principal dont le pays est le théâtre : l’impunité pour ceux qui sont liés au pouvoir ».

Fosse commune. Se sentant intouchables, d’anciens rebelles ont continué à commettre des exactions bien après leur victoire. Comme lors de la destruction du camp de Nahibly, près de la ville de Duékoué, dans l’Ouest, la région la plus volatile du pays. Considérés comme des soutiens de l’ancien président, 5 000 villageois s’y étaient réfugiés après un massacre en mars 2011 perpétré par les forces loyales à Ouattara. Le 20 juillet 2012, une foule de plusieurs centaines de personnes en colère rase le camp. Pendant l’attaque, des soldats emmènent des jeunes du camp qu’ils soupçonnaient d’être des miliciens proches de l’ancien régime. Beaucoup ne réapparaîtront pas. Jusqu’à la découverte d’une fosse commune en octobre 2012 dans un terrain vague de la ville. Un ancien puits, dans lequel six corps ont été retrouvés : des hommes, tués par des balles de kalachnikov. Ce jour-là, gendarmes et policiers ne peuvent cacher leur malaise. Beaucoup connaissaient cet endroit, mais personne n’avait osé l’explorer, les soldats suspectés de ces meurtres étant toujours dans la ville. Il faudra l’insistance de journalistes et de membres de la Fédération internationale des droits de l’homme présents sur place pour procéder à l’exhumation, puis à l’examen médico-légal de ces cadavres.

Les autorités n’ont plus eu d’autre choix que d’écouter les familles qui réclamaient depuis des mois la vérité sur la disparition de leurs proches. Un juge d’instruction les a reçues en mars, avant d’aller identifier d’autres fosses communes potentielles. La prochaine étape devrait mener à la fouille de ces lieux et à l’audition des suspects. Mais, avant cela, les magistrats en charge de l’enquête demandent que l’Etat assure leur protection.

 

Par MAUREEN GRISOT Correspondance à Abidjan.

 

LIBÉRATION

 

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